La traversée du globe
H -3
Il est 8h15 et nous sommes déjà libérées de nos baggages. Charlotte a eu chaud ! A 600g près elle payait la taxe ...
Tandis que moi, j'avais prévu léger, 10kg de dispo ! L'équilibre entre nous est là.
Moute " alias maman de Chacha " reste avec nous le temps d'un café. Beaucoup de sujets sont abordés : la chance de vivre cette expérience, les conditions du vol, l'escale ... tout sauf peut être celui de la séparation. Celui ci, même pas la peine d'en parler. On le ressent tellement que les non-dit prennent toute la place.
Après quelques rires, Moute nous quitte l'oeil torrentiel... La fille a l'air plus forte, probablement pour équilibrer les émotions mais le manque est déjà là.
Nous partons, et passons la douane. Charlotte est stoppée, son sac vérifié.
Je fais la délicieuse rencontre de Kmout le singe en peluche fidèle compagnon de Charlotte. Je dis " je " mais il faut dire que même le personnel de l'aéroport a eu la joie de le rencontrer. En effet, Kmout est sorti du sac car Charlotte avait oublié ( on la refait pas ... ) de jeter sa bouteille d'eau. Mais sans cet oubli, elle m'aurait caché l'existence de ce mammifère roux qui, bien trop important pou passer le voyage en soute, prefère prendre toute la place du baggage à main de ma compagnonne.
Une fois le fou rire passé, nous passons toutes les sécurités et flanôns furtivement devant les boutiques de duty free jusqu'à entendre cette phrase " dernier appel pour le vol ... " pour laquelle il a du souvent vous arriver de dire ou penser " comment font les gens pour ne pas être à l'heure quand ils s'enregistrent 3h avant ?? " hé bien après en avoir été les victimes, nous comprenons !
Bref, nous entrons dans un airbus qui fourmille de chinois ( compagnie chinoise vous me direz ... ) Discours chinois, nourriture chinoise, films chinois ... nous sommes envahies. Je pense qu'une certaine Juliette V. (dont je tairais le nom de famille) n'aurait pas succombé à la tentation d'en étouffer un avec le plateau repas de riz cantonais.
Pour la première fois nous comprenons ce qu'est d'être " un étranger ".
Les heures passent. Ma phobie de l'avion disparait. 4h , 6h, 9h ... il en reste encore.
Charlotte réussit à s'endormir comme un gros sac, bouche ouverte. Mais je suis trop une bonne copine pour vous diffuser l'immondice du moment. Ma bonté me perdra...
L'atterrissage s'effectue simplement et nous sommes les dernières à sortir de l'avion, afin de récupérer les précieuses couvertures fournies par la compagnie. Une fois hors de l'avion nous découvrons finalement, et cela grâce à l'imprimé gigantesque sur la couverture, qu'il s'agit d'un " cabine use only " .... première boulette.
Mais quand on sait qu'on va passer 15h dans un aéroport on prend ses précautions quite à être en infraction ...
Nos fesses avaient déjà prit une forme cubique à cause du premier vol et nous nous apprétions à revivre cela sur les sièges d'attente de l'aéroport quand une charmante chinoise de la compagnie nous a offert gracieusement une nuit d'hôtel aux frais de la compagnie. Une nuit qui au final s'agissait plutôt d'une journée étant donné le décalage horaire. A cet instant nous nous regardons avec Charlotte l'air intrigué voir même incrédule... notre accent doit être mauvais elle n'a pas du comprendre que nous n'avions pas ces privilèges ... n'ayant pas de visa chinois. Mais finalement quand on est des meufs telleeeeeement cool comme nous, si !
Nous sommes totalement prises en charge par la compagnie hôtel + transport .
Sur le chemin, ma raison prend le dessus " Chacha ils vont nous embarquer et vendre nos organes d'européenne... !!
"Ce à quoi son sens de l'observation fût salvateur : " mais non, y'a des chinois aussi dans la navette".
" Ah ouais ... pas faux "
Nous arrivons à l'hôtel après une course digne des plus grands circuits de Grand Turismo. Les chinois ne conduisent pas, ils slaloment ! Je pourrais même dire qu'ils s 'évitent.
Mais nous arrivons entières dans un grand hall d'hôtel et nous n'en revenons pas . C'est d'un ton calme et pausé que nous prenons possession de la chambre telles des VIP habituées à ces traitements de faveur .... cela dura deux minutes. Une fois la clé dans la porte, explosion de joie de gamines de 12 ans devant Justin Bieber.
L'inéspéré était là, devant nous : 2 grands lits et ... une douche !
Douche d'ailleurs ouverte sur la chambre, les chinois sont en mode " no tabou ".
Au programme pour les 12 prochaines heures : sieste et glandouille dans la ville.
Une fois requinquées nous explorons les rues de Guangzhou. Ca fourmille, ça klaxonne, ça vend des choses que nous n'avions jamais vu, ça nous observe. Il faut dire qu'avec cette humidité c'est pas tous les jours qu'on croise Gloria Gaynor et sa girafe dans les rues. Oui, parce que les chinois sont petits ...
Nous avons la chance d'y être le jour du marché, et toute la ville est animée par de stands divers. Les odeurs nous submergent pendant que l'humidité nous étouffe. La simplicité des installations nous étonne. Nous n'aurions jamais pensé voir du si typique si près de l'aéroport. Rizières, vélos transportants 2,3,4 personnes, jardins exotiques mais aussi surpopulation, immeubles en ruines, et vente de nourriture à même le sol.
A ce moment, nous réalisons la richesse dans laquelle nous vivons notre quotidien.
Crise, crise, crise ... depuis quelques années nous n'avons que ce mot à la bouche. Eux ne parlent pas de crise, et paraissent heureux. Ca fait réfléchir. Et ça tombe bien puisque c'est le but premier du voyage. Découvrir, comparer, admirer et réfléchir.
To be continued ...
